Dans ce blog, j'ai déjà du vous parler des tisanières, des
farfadets, des tiffenottes, et autres fées, lutins, farfadets, mais
connaissez-vous les trottes-vieilles, les lumerottes, les fossegrim…? Non ?
Pour réparer cet oubli, je ne saurai vous conseiller alors
de pénétrer au cœur du Grand Livre des Esprits de la Nature… Une œuvre qui vous
entrainera au pays de ces créatures qui peuplent nos légendes et nos
traditions. Richard Ely vous donne ainsi 1500 noms issus de ce monde magique
entre conseils, poésie, croyances et curiosités… et joliment illustrés par la
fée Frédérique Devos.
Égarez-vous, en espérant tout de même qu'au moment de la
nuit de la Saint-Jean,
vous ayez pris soin de cueillir la fougère censée produire une graine magique,
pour posséder le don de l'invisibilité, vous permettre de toujours retrouver
votre chemin… et écouter la nature vous entonner ses chants les plus beaux !
Mais pour en savoir un peu plus sur ce livre, Richard Ely a
eu la gentillesse de répondre à nos questions. Entrez dans son jardin où s'entremêlent cris, rires et
folies…
- Une première question très simple : Richard Ely, qui
êtes-vous ?
Un banni de Féerie qui a été renvoyé de l’Autre Monde car il
portait trop d’attention aux humains… Cet amour pour la race humaine m’a valu
de perdre mon immortalité…
Plus sérieusement, je suis un passionné de folklore
féerique, posant un regard d’ethnobotaniste sur ce qui lie plantes, hommes et
légendes. Poète, également, lorsque je m’évade dans la Nature et sur papier…
- Avez-vous toujours été écrivain ?
Non, j’ai d‘abord du apprendre à lire et à écrire, donc
cela n’a commencé que vers 7, 8 ans… Mais plus qu’écrire, c’est l’envie de
décrire ou de raconter des histoires, d’en vivre surtout…
- Comment est apparue votre envie d'écrire ?
Il n’y a pas vraiment eu d’envie d’écrire. Communiquer par
l’écrit m’est vraiment une chose naturelle que ce soit par un poème, une
nouvelle, un conte ou un article rédactionnel. Je passe des heures et des
heures à écrire…
- Et plus précisément ce livre "Le Grand Livre des
Esprits de la Nature"
?
Là, le Grand Livre des Esprits de la Nature provient d’une
question qui me taraudait depuis des années : l’origine des fées. D’où
venaient-elles ? Et ces lutins, elfes, korrigans, lamina, farfadets… Ont-ils
toujours existé ? La rencontre avec Frédérique Devos, fée de l’illustration,
m’a permis de concrétiser ce projet de faire un livre, une sorte d’encyclopédie
poétique et imagée du vrai monde des fées. Du coup, cela a pris trois belles
années à se documenter, échanger avec des personnes du monde entier, recueillir
toutes les infos possibles sur ce Petit Monde fantastique. Le résultat fut
fabuleux : 1150 noms de fées et de lutins, un vrai tour du monde passant par
l’Australie, la Chine,
la Colombie…
Avec, partout, cette petite mythologie merveilleuse, ces petits êtres
grimaçants, ces belles déesses dansantes…
- D'où puisez-vous votre inspiration ? Quels sont les
écrivains qui vous ont inspiré pour écrire sur les fées, les lutins et
toutes ces créatures ? Car votre livre me fait penser à Pierre Dubois, Claude
Seignolle... de bien jolies références avec lesquelles je vous identifie de
suite...
Pierre Dubois, je l’ai croisé il y a une quinzaine d’années
dans mon village de l’étrange. Je balbutiais une envie d’écrire sur cet univers
à l’époque. Il m’encouragea à continuer. J’ai gardé de très bonnes relations
avec lui. C’est quelqu’un que j’admire beaucoup pour sa vision de la Féerie… Claude Seignolle,
c’est un vrai exemple à suivre. Un homme de terrain, d’écoute, qui est a pu
récolter beaucoup de choses et qui a écrit des livres fantastiques, que tout le
monde devrait lire. Si Thomas Owen m’a donné le goût du fantastique, Claude
Seignolle m’a ramené à mon enfance, à mes terres à travers ses livres et son
parcours. Ces trois-là sont mes muses, en quelque sorte, ils m’ont chuchoté à
l’oreille la bonne direction à suivre… Celle qui mène à l’Ailleurs, ce chemin
où aiment à vagabonder nos âmes…
- Est-ce que vous avez du débusqué une sorcière ou une fée
au fond des bois qui a bien voulu répondre à vos questions ?
Plusieurs ! Au fond des bois mais également des ruisseaux,
au-delà des nuages et sur les plus hautes montagnes…
- Avez-vous visité des lieux ? Écouté de la musique
particulière pour vous immerger dans l'ambiance ?
Non, pour ce livre-ci, aucune musique. Il a demandé beaucoup
de concentration. Si une chose m’a inspiré, c’est la Nature : à côté des heures
de travail derrière l’ordinateur, beaucoup de balades dans une nature
silencieuse du bruit des hommes mais animée des chants, des cris, des petits
bruits de pas, du bruissement des feuillages… Voilà la seule musique entendue
tout au long du Grand Livre…
- Comment expliquer que ce monde féerique plaise encore à
nos concitoyens ?
Je ne sais pas. Certains parlent d’une fuite… Ce serait
dommage. Je pense au contraire plus à d’éternelles retrouvailles. Plonger en
Féerie, c’est revenir au temps de nos enfances, ressentir toutes ces petites
choses oubliées qui faisaient nos joies vers 2, 3 ans… L’émerveillement devant
son image qui se déforme dans le reflet d’une casserole, le jeu du chat,
l’odeur de la terre après la pluie ou la voix rassurante de cette grand-mère
chérie…
- Quelle méthode de travail utilisez-vous ? Je suppose que
vous avez eu un travail de documentation énorme pour rechercher tout ce qu'il y
avait à dire sur ce monde féerique !
Pour ce livre, j’ai mis une année à me documenter, à
rassembler un maximum de sources et à définir le plan de l’ouvrage. Ensuite,
après avoir sélectionné les 100 créatures, vedettes de l’encyclopédie, je les
ai travaillées les unes après les autres, explorant en profondeur essais,
articles, témoignages à leur propos. Je me mettais alors à écrire la « fiche »
en prenant un ton plus poétique, envolé, choisissant de raconter une histoire
si celle-ci jaillissait, de m’attarder sur le paysage si c’est lui qui prenait
le dessus dans ma rêverie d’alors. Une fois la page écrite, je passais à une
autre créature. Ceci, avec le travail d’illustration de Frédérique mené de
front, nous a pris deux années de plus.
- Combien de temps passez-vous en moyenne par jour pour
l'écriture ?
Entre deux heures et six heures par jour, tous les jours,
ceci compris lecture, documentation et écriture.
- Comment s'est passé le parcours de l'écriture à l'édition
?
Pour le livre, j’ai d’abord envoyé 23 dossiers à 23 éditeurs
différents. Trois y ont été favorables. Une fois choisi de partie avec Guy
Trédaniel, je me suis entouré d’autres talents pour la mise en page, la
couverture… Nous avions envie de maîtriser toutes les étapes de création du
livre.
- Comment avez-vous choisi votre illustratrice : Frédérique
Devos ?
Ce sont les fées qui nous ont choisis. Frédérique avait
envoyé un jour un dessin pour le blog Peuple-feerique.com que je tiens. J’avais
remarqué son style et l’avais contacté. Première surprise : elle habitait à cinquante
kilomètres de chez moi. Seconde surprise : elle vivait dans un univers
féerique, un atelier rempli de lierre, de green men, de fées… Illustratrice
professionnelle pour la jeunesse, elle avait à ce moment mis un terme à sa carrière.
Fort heureusement, ce projet l’a convaincue de reprendre les pinceaux. Et avec
le recul, personne d’autre n’aurait pu mieux développer cette image,
l’atmosphère complètement réussi, naissant de l’alliance des mots et des images
qu’elle a créées.
- Avez-vous déjà eu des réactions à votre livre ? Quels sont
ceux qui vous ont le plus touché ? Le plus énervé ?
Oui, beaucoup de réactions. Une chose qui m’a beaucoup plu,
c’est que les lecteurs se sont mis à photographier le livre dans leur jardin,
dans la forêt, près d’un cours d’eau… et à m’envoyer les photos que j’ai alors
publiées sur la page facebook du livre. C’était une merveilleuse idée pour un
livre sur les esprits de la nature de se retrouver au cœur de cette nature !
Le commentaire qui m’a le plus énervé ? Pour le moment, pas
encore reçu… De toute façon le risque est bien plus grand de froisser les
follets, fradets et farfadets qui entourent ce livre que de vraiment m’énerver
!
- Que ressentez-vous après avoir terminé ce livre ?
Beaucoup de fatigue. Cela a été très difficile et ça l’est
encore de me replonger dans mes autres projets.
- Quels sont vos projets pour l'avenir (un autre livre sur
le monde féerique )?
Plusieurs livres jeunesse, pour les plus petits ; un livre
illustré avec Pascal Izac, un illustrateur génial !, et la suite du Grand Livre
des Esprits de la Nature
que j’espère pour 2015.
- Quel est la créature de votre livre dont vous vous sentez
plus proche ? Ou tout simplement amoureux ? Et celle qui vous a fait peur ? Ou
vous a étonné ?
Je suis proche des créatures de mon pays, les marluzines, de
ces saules-têtards qui se déplacent la nuit sur les chemins campagnards… Tout
comme je crains les pépés crochets qui se tapissent au fond des puits pour vous
agripper et vous noyer si par malheur vous vous penchez…
- Et vous ? Qu'aimez-vous lire ?
J’aime le fantastique de l’époque «collection Marabout» avec
Owen, Jean Ray, Seignolle aussi… J’ai été nourri également de nombreuses bandes
dessinées, avec des coups de cœur pour La Quête de l’Oiseau du Temps, Sambre, Le Retour à la Terre. Je lis également
beaucoup d’essais, presque tous les livres de Jean-Marie Pelt que j’admire
beaucoup. Parfois, je prends un livre au hasard chez moi et en lis une ou deux
pages, juste comme ça, par amour des mots et m’arrête sur une phrase, petite
clé qui m’ouvre alors à de longues escapades songeuses…
- Y a t-il une question que vous auriez aimé qu'on vous pose
et que tout le monde oublie ?
Quel est mon arbre préféré ? Question à laquelle j’aurais
répondu : je ne peux choisir entre le chêne ou le pommier…
Un grand merci à Richard Ely ! On lui souhaite de continuer à nous faire rêver au travers de ses livres merveilleux....
***
Photos : Mélusine
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